Dans un Paris rebaptisé « Lumière », où une entité démoniaque appelée la Peintresse efface chaque année l’âge qu’elle a peint précédemment, faisant disparaître toutes les personnes ayant cet âge précis, nous suivons l’expédition 33 – une mission suicide composée de héros qui n’ont rien à perdre. Voilà le prémisse fascinant de « Clair Obscur: Expedition 33 », un jeu de rôle qui ose s’aventurer hors des sentiers battus du JRPG traditionnel.
Tableau des caractéristiques
| Caractéristique | Évaluation |
|---|---|
| Développeur | Sandfall Interactive |
| Date de sortie | 24 avril 2025 |
| Plateformes | PC, PlayStation 5, Xbox Series |
| Durée | 30h (histoire principale) / 60h (100%) |
| Difficulté | Élevée (mode allégé disponible) |
| Direction artistique | 9/10 |
| Bande sonore | 10/10 |
| Gameplay | 8/10 |
| Scénario | 9/10 |
| Note globale | 8.5/10 |
Une danse macabre entre vie et mort
Si vous êtes du genre à rechercher le confort des mécaniques éprouvées, passez votre chemin. « Clair Obscur: Expedition 33 » est une œuvre qui assume pleinement son identité hybride, mêlant les combats au tour par tour des JRPG classiques à un système de parade en temps réel qui rappelle davantage FromSoftware que Square Enix.
Ce système de combat est le cœur battant du jeu. Chaque affrontement devient une chorégraphie mortelle où les signaux sonores et visuels des ennemis doivent être déchiffrés pour survivre. Manquez une parade, et c’est potentiellement toute votre expédition qui s’effondre. Certains trouveront cela frustrant, d’autres y verront une source d’adrénaline inégalée. Quel sentiment de triomphe quand, après plusieurs tentatives, vous parvenez enfin à lire dans les mouvements d’un boss comme dans un livre ouvert!
Les combats ne seraient rien sans leurs enjeux narratifs. La mission suicidaire de nos protagonistes fait écho à la difficulté du jeu, créant une cohérence rare entre gameplay et narration. Chaque échec n’est pas une simple défaite – c’est une leçon pour « ceux qui viendront après nous », comme le rappelle le leitmotiv du jeu.
Un Paris post-apocalyptique d’une beauté saisissante
Visuellement, « Clair Obscur: Expedition 33 » est une véritable œuvre d’art. Les ruines de Paris sont rendues avec une direction artistique qui joue constamment sur les contrastes, comme son titre l’indique. L’absence d’interface pendant l’exploration renforce l’immersion dans cet univers crépusculaire.
La bande sonore composée par Lorien Testard mérite tous les éloges. Alternant entre passages mélancoliques et montées épiques pendant les combats, elle soutient parfaitement l’aventure et contribue grandement à l’intensité émotionnelle de l’expérience.
Une narration qui trouve sa voie
Si le début de l’aventure peut sembler déroutant avec son concept original mais complexe, le jeu parvient à maintenir l’intérêt sur toute sa durée. La progression linéaire pourrait rebuter certains joueurs habitués aux mondes ouverts, mais elle est parfaitement justifiée par l’urgence narrative. On court contre la montre, contre l’effacement, et cette fuite en avant désespérée n’a pas de temps pour les détours.
La conclusion est particulièrement réussie, évitant l’écueil de nombreux jeux à concept fort qui s’essoufflent en fin de parcours. Sans révéler la fin, disons simplement qu’elle donne envie de recommencer immédiatement l’aventure sous un nouveau jour.
Quelques ombres au tableau
Tout n’est pas parfait dans ce « Clair Obscur ». Le système d’attribution des points de compétence manque d’intuitivité, et les changements de ton narratif peuvent parfois dérouter. Les premiers moments d’exploration peuvent sembler rébarbatifs, et quelques problèmes techniques subsistent.
La difficulté élevée, même si elle est cohérente avec l’univers, risque de rebuter certains joueurs. Le mode allégé permet certes de contourner une partie des exigences du système de parade, mais on passe alors à côté de l’essence même du jeu.
Points clés
- Une fusion audacieuse entre JRPG et jeu de rythme/action
- Une direction artistique et une bande sonore exceptionnelles
- Un concept narratif original porté jusqu’à sa conclusion
- Une difficulté élevée mais justifiée par la narration
- Une expérience intense de 30 heures qui ne s’essouffle jamais
Verdict
« Clair Obscur: Expedition 33 » n’est pas un jeu pour tout le monde, et c’est précisément ce qui fait sa force. Dans un paysage vidéoludique souvent formaté, Sandfall Interactive a créé une œuvre d’auteur qui transpire la passion et l’ambition artistique.
Pour les joueurs prêts à accepter ses exigences et à embrasser sa vision singulière, « Clair Obscur: Expedition 33 » offre une expérience émotionnelle rare dans le jeu vidéo. Les combats exigeants, loin d’être gratuits, servent un propos plus grand sur la résistance face à l’inévitable et la transmission aux générations futures.
À une époque où les jeux de rôle s’étirent souvent sur plus d’une centaine d’heures sans vraiment justifier leur longueur, voici une aventure dense, concentrée et mémorable qui ne gaspille pas une minute de votre temps. Une œuvre française ambitieuse qui mérite d’être découverte, pour peu qu’on accepte de souffrir un peu pour sa beauté.